Les Ducati parallel-twins de série
la collection Saltarelli
(des photos de cette collection)
Celle incroyable collection de plus de 110 Ducati anciennes était unique au Monde, elle comportait presque tous les modèles de 1946 à 2000 ainsi que diverses motos de course, la plupart étaient en parfait état. Cent machines de cette collection ont été vendues aux enchères à Monaco du 10 au 12 Mai 2012 en même temps que plusieurs motos de course mises en vente par l'usine elle-même dont une Desmosedici de MotoGP (un article bien illustré de Mcnews à ce sujet).
Dans les années 70, Carlo Saltarelli fut mécanicien et pilote d'essais au sein du département compétition de Ducati, en même temps il participait à des courses comme pilote privé. Par la suite, il racheta une concession Ducati et créa sa propre écurie pour préparer et engager des motos en compétition. C'est à cette époque qu'il commença petit à petit à collectionner des Ducati de toutes sortes (une photo de Carlo Saltarelli).
pages annexes:
1 / technique:
entretien et fiabilisation
pièces de rechange
documents techniques
conception et caractéristiques
2 / histoire:
naissance des parallel-twins de série
une conception douloureuse
les parallel-twins espagnols Ducati Mototrans
3 / essais presse:
essais et articles dans divers magasines
essais et articles suite
Les parallel-twins Ducati ont été produits de 1975 à 1980 et même 1983 si on tient compte des dernières 500 Sport Desmo construites pour l'Australie.
Les 500 parallel-twins Ducati Mototrans fabriqués en Espagne de 1976 à 1983 sont évoquées dans un autre chapitre.
Ces années correspondent par ailleurs à la transition entre les V-twins à couples coniques (bevel gears) et les V-twins à courroies crantées, ainsi qu’à l’abandon des monocylindres que ces nouveaux modèles étaient censés remplacer. Trois versions se sont succédées en 350 et 500 cc, la GTL, la Sport desmo et pour finir la GTV.
D’une certaine façon, on pourrait dire que ces machines ne sont pas des Ducati à part entière, en effet à partir de 1976, seul le moteur était construit à l'usine. De plus il n’a pas été conçu par Taglioni, mais par d'autres ingénieurs sur la base d'un projet commandé à la société anglaise Ricardo (voir le chapitre "conception technique").
Le montage des Sport desmo et des GTV, faute de place à Borgo Panigale, où l'on construisait surtout des automobiles pour Triumph Italie et des moteurs Diesel et industriels divers, se fit chez Italjet à San Lazzaro près de Bologna.
En réalité, cette série a été le fruit d’une étroite collaboration entre Ducati et Italjet dont le fondateur, Leopoldo Tartarini (une photo) est l'auteur du design de la Sport desmo et de la GTV.
Pilote d’usine Ducati dans les années 50, il se fit connaitre par un tour du monde à deux Ducati 175 en 1957 et 1958. Par la suite, il ouvrit une concession Ducati à San Lazzaro avant de créér Italjet en 1959.
A la fin des années 60, en marge de sa gamme composée de petits modèles équipés de moteurs deux temps MZ et Franco Morini entre autres, Italjet produisit aussi trois magnifiques machines qui sont devenus des "collectors":
La 500 Indian "Velo" à moteur Velocette Venom, la 750 Indian "Enfield" à moteur Royal Enfield Interceptor et la 650 Italjet "Grifon" à moteur Triumph Bonneville. Les deux Indian avaient été commandées par l'ancien pilote et homme d'affaires Américain Floyd Clymer, le propriétaire du label de la Marque. Quelques centaines d'exemplaires de ces machines ont été construits.
Et chose peu connue, Yamaha fit appel à Tartarini pour le design de la 500 XT.
Leopoldo Tartarini dans son hall d'exposition
D’abord les GTL :
Présentée au Motor Show de Milano fin 1975, en même temps qu’un prototype de la Sport desmo, la GTL ("Grand Tourisme Luxe" !) inaugure la série des parallel-twins avec les modèles DM 350B et DM 500B. Les premières arrivent en concession fin 1975 en Italie et au printemps 1976 dans les autres pays.
Deux versions sont proposées: une 500 et une 350, destinée principalement à l'Italie où les assurances sont beaucouip moins chères pour les moins de 350 (une vue en explosée du moteur).
La Sport desmo d’un design différent signé Tartarini sera lancée en 76.
Ces premiers modèles se distinguent par leur habillage anguleux qui se veut moderne, dans le style de la 860 GT signée également Giugiario (un styliste d’Ital Design auteur de la Volkswagen Golf et plus inspiré pour les voitures), en quatre couleurs : rouge, bleu, orange ou vert suivant la cylindrée et les pays. Dans ces années là Ducati ne possédait pas un vrai département style et faisait donc parfois appel à des designers extérieurs comme Ital Design ou Tartarini.
Les carters moteur massifs sont polis et le cadre simple berceau interrompu s'apparente à celui des monocylindres avec la colonne de direction montée sur butées à billes, ainsi que les roues à rayons (spoke wheels) de 18" (19" à l’avant sur la 350) et le frein arrière à tambour.
Dans l’ensemble l’équipement semble correct: démarreur électrique, jantes aluminium, frein avant à disque Brembo Ø 260 (double sur la 500), amortisseur de direction (à friction type 900SS), béquille latérale (sur les premières) et même un témoin de point mort. On retrouve aussi l’ingénieux système de réglage par excentrique de la tension de chaine secondaire de la 860 GT (figure de gauche).
Mais en y regardant de près, se dégage quand même une impression d’économie (on se demande où est le "luxe"): allumage à rupteurs alors que les 860 bénéficient d’un allumage électronique, équipement électrique CEV et Motoplat de piètre qualité avec des commodos bas de gamme, silencieux Lafranconi à la soudure disgracieuse et petits compteurs Veglia. Le phare CEV et le feu arrière sont empruntés à la 750 sport et les rétroviseurs sont en option.
Enfin, c’est Marzocchi qui fournit la fourche de 35 mm et les amortisseurs (au sujet des fournisseurs il n’était pas rare que Ducati en change au cours d’une série. Ainsi on peut trouver des accessoires de marque différente sur la même machine suivant la date de montage)
La puissance annoncée du parallel-twin simple arbre à cames en tête s’établit à 42 hp à 7700 rpm pour la 500 et 32 hp à 8500 rpm pour la 350, avec un poids d’environs 170 kg et une vitesse maxi proche de 165 km/h pour la 500.
Au lancement de la GTL les ventes semblent démarrer, la presse Italienne un peu chauvine est enthousiaste et ç’est une Ducati abordable avec laquelle la marque cherche à séduire une nouvelle clientèle, à Bologna on y croit mais ça ne va pas durer...La fiabilité aléatoire qui touche surtout la version 500 va rapidement entacher la réputation de la nouvelle Ducati. Les problèmes concernent l'embiellage, qui s'avère très fragile, mais aussi la lubrification des arbres à cames, auxquels s'ajoutent des fuites d'huile au niveau de la culasse.
De nombreuses modifications seront prévues sur le moteur, mais il faudra attendre fin 1976 pour qu’elles s’appliquent enfin à la production. De plus, la 500 est proposée à peu près au même prix que la CB 500 Honda 4 cylindres, nettement plus performante et plus fiable. Rapidement les ventes s'écroulent.
Toutefois, dans l’absolu hormis le problèmes de fiabilité initiaux, ce n’est pas une mauvaise moto malgré les vibrations et la finition "italienne". Elle est facile à prendre en mains, le moteur fait preuve d'une bonne souplesse, les qualités routières excellentes et dans la version 500 cc, les performances sont correctes pour un bicylindre.
apprécier la publicité Ducati sur la photo ci-dessous : "pratique et sûre pour les longs voyages, économique" !
Par ailleurs Mototrans, qui produisait des monocylindres Ducati sous licence en Espagne depuis 1958, lancera en 1976 sa propre version de la 500 GTL équipée de roues en alliage, la "500 Twin". Elle sera suivie en 1977 par une version desmo équipée d'un radiateur d'huile et des diverses modifications destinées à résoudre les problèmes de fiabilité des premières 500. (voir la rubrique consacrée aux Mototrans dont les "500 desmo Electronic" parallel-twins).
Caractéristiques et performances: cliquer sur le texte.
Ensuite les 350 et 500 Sport desmo :
une video
la 500 SD présenté en 1975
Elle dérive d'un prototype Italjet signé Tartarini (photo ci-dessus)
la 500 Sport desmo exposée au salon de Milan en 1976
Version sportive de la GTL, la 500 Sport desmo (DM 500B sport) est lancée fin 1976.
Elle en diffère par de nombreux aspects. Pour gagner en rigidité le tube avant du nouveau cadre est dédoublé et passe à l’extérieur des échappements, avec des renforts sur la colonne de direction montée sur roulements coniques . Les amortisseurs et la fourche de 35 mm viennent de chez Paioli. Par contre l’ensemble a pris un sérieux embonpoint et le poids atteint 185 kg à sec. Du coup la 350 lançée l’année suivante sera franchement sous-motorisée.
La Sport desmo, au design signé Tartarini nettement plus réussi que celui de la GTL, n’est proposée au début qu’en rouge avec une bande noire sur le réservoir, une version bleu et blanc sera produite plus tard pour certains pays. L’habillage comporte une petite selle à dosseret, des caches latéraux noirs, des gardes-boue peints et le dessin du réservoir (en polyester sur les premières séries) est superbe mais sa capacité est réduite à 11,5 litres du fait du nouveau dessin de la partie supérieure du cadre. Les roues en alliage de 18" sont fournies par FPS et l'arrière reçoit un frein à disque. Enfin, la Sport adopte des commandes reculées et des guidons bracelets. Par contre les clignotants et le rétroviseur sont en option et pour accentuer le look "racing" les échappements reçoivent une simple peinture noire, comme ça ils rouillent encore plus vite ! Les jolis silencieux Conti étaient sûrement trop chers.
Quant au moteur, dépourvu de kick-starter à cause des commandes reculées (un choix risqué étant donné les faiblesses chroniques du circuit électrique), il développe 44 hp à 8200 rpm (39,6 à la roue) en 500 mais, à part la culasse desmo et des soupapes plus grosses de 2 mm, il reste strictement identique au non desmo. Par contre il manque un peu de couple à bas régime.
La 350 présentée en 77 qui développe environs 32 hp à 8300 rpm est plus souple grace à des arbres à cames différents (voir rubrique technique).
La 500 atteint environs 175 Km/h en vitesse maxi et la 350 un peu moins de 160.
Malheureusement, sur les premières versions lancées en 1976, la fiabilité est aussi désastreuse que celle de la GTL, car les modifications prévues sur le moteur ne sont toujours pas prêtes.
la 500 SD telle qu'elle était aussi proposée en Italie
(une video avec la musique d'une 500 SD prérarée pour la compétition)
la version définitive
le catalogue d’accessoires avec le rétroviseur et les clignotants en option
le tableau de bord de la deuxième version
(une photo de la version 1976 mieux équipée)
la version bleue de la 500 SD proposée dans certains pays dont l'Italie
la version finale avec le tableau de bord et les clignotants de GTV
La Sport desmo est peut-être la sportive de moyenne cylindrée que les amateurs attendaient. Elle a le style Ducati, un beau look, frôle les 180 km/h, dispose d’excellentes qualités routières et son bruit saccadé est sympathique. Par contre la finition et le confort ne sont pas ses points forts, ça vibre, en plus elle "tire long" et Il faut accompagner les gaz, mais la puissance est là. Les amateurs de monocylindres de la marque ne sont pas trop depaysés.
Il parait même que Mike Hailwood en personne en a essayé une en Australie et l’a ramenée en piteux état...
Bien sûr, comparée à la concurrence (500 Honda 4 cylindres, Guzzi V50) elle est chère mais c’est une Ducati sportive. D’ailleurs la presse lui fait bon accueil même à l’étranger et les ventes démarrent doucement.
On commence aussi à la voir apparaître en compétition (notamment au Tour de France moto et dans le cadre des "Ducati cups" en Italie, en Belgique et en Allemagne) où son excellente tenue de route, son freinage très efficace et sa capacité à monter en régime sont appréciables. Ducati produira d'ailleurs en 77 un kit racing en série limité (voir la 500SS plus bas).
Par la suite elle évoluera comme le reste de la gamme, notamment grâce à Taglioni au niveau de la fiabilité. Lors de l'achat d'une SD d'occasion il est donc prudent d'éviter les modèles 1976...
En 77, on verra apparaitre sa petite soeur 350 jaune à bandes noires.
la 350 Sport desmo dans la jolie couleur bleue proposée en Allemagne
350 SD.pdf article "L’Echo des Conti" (DCF)
A partir de 1977, ces modèles seront équipées d'un tableau de bord Nippondenso fixé sous le Té de fourche identique à celui des GTV (photo ci-dessous) ainsi que quelques accessoires en options (clignotants, rétroviseurs, etc, voir "catalogue d'accessoires" plus haut).
Au total la 500 desmo a été produite à 2130 exemplaires et la 350 desmo à 1166.
La 500 Sport desmo, communément appelée 500 SD, reste le modèle qui s’est le plus vendu et on en trouve encore d’occasion avec des kilométrages souvent raisonnables autour de 4000 Euros suivant l’état (il y a de tout, beaucoup sont bricolées ou en panne, méfiez vous aussi des fausses desmo à moteur GTL ou GTV...).
la version USA
une superbe restauration avec silencieux Conti
un prototype d'essais de la Pantah déguisé en 500 Sport desmo
remarquer le frein avant conique Campagnolo
haut de page